L’héritage du Japon dans nos jardins
Conférence de Mme Sophie LE BERRE le jeudi 14 novembre 2024
Une époque marquée par les glaciations et la biodiversité
Avant d’évoquer l’héritage botanique du Japon, il est essentiel de revenir un peu en arrière, sur le plan historique. Tout commence il y a près de 20 000 ans, pendant la dernière période glaciaire. À cette époque, le niveau de la mer a considérablement augmenté, entraînant l’inondation des terres du nord du Japon. Cependant, grâce à la géographie particulière de la région, cette zone nord a conservé une richesse et une diversité florale exceptionnelles qui vont jouer un rôle majeur dans l’histoire botanique du pays.
L’isolement du Japon pendant l’époque d’Edo
Pendant une grande partie de l’époque d’Edo (1639-1854), l’archipel nippon était fermé aux étrangers en raison des tentatives d’invasion et d’évangélisation menées par les Portugais et leurs missionnaires jésuites. En conséquence, seule une petite enclave étrangère fut autorisée à rester : les Hollandais, installés sur l’île artificielle de Dejima près de Nagasaki. La Compagnie néerlandaise des Indes orientales établit des liaisons maritimes régulières entre Rotterdam et Dejima, avec deux traversées annuelles entre 1641 et 1868. Ces voyages étaient longs et périlleux, car ils duraient environ 10 mois et traversaient le redoutable 40ᵉ rugissant.
Les botanistes hollandais à Dejima
Durant cette période, plusieurs médecins et botanistes hollandais se sont distingués pour leurs travaux sur la flore japonaise. Parmi eux, trois figures majeures ont particulièrement marqué l’histoire de la botanique au Japon :
Le greffage et l’hybridation : Les Japonais en pionniers
Bien avant que Mendel ne pose les bases de la génétique et de l’hybridation, les Japonais pratiquaient déjà des techniques de greffage et de bouturage pour améliorer la qualité des végétaux. Cette approche ancestrale a permis aux Japonais de développer une expertise en sélection naturelle et d’obtenir des plantes d’une qualité remarquable.
L’impact de l’époque d’Edo sur l’horticulture mondiale
L’époque d’Edo, qui commence autour de 1600 et se termine en 1868 avec la restauration de l’autorité de l’empereur, marque un tournant pour le Japon. En 1868, le pays s’ouvre progressivement à l’Occident et commence à participer aux expositions universelles, ce qui permet à sa flore d’être largement reconnue à l’international. Pour les horticulteurs français, cela représente une véritable aubaine.
Les établissements Lemoine et Fils de Nancy, par exemple, ont été primés en 1903 pour leur catalogue exceptionnel de plantes japonaises, un exploit qui témoigne de l’influence croissante du Japon sur l’horticulture européenne. La Revue Horticole, fondée en 1829, célébrait en 1929 son centenaire, soulignant l’importance de l’héritage botanique nippon dans le développement de la botanique moderne.
L’influence des plantes japonaises dans nos jardins
Aujourd’hui, dans nos jardins, nous pouvons admirer une grande variété de plantes venues directement du Japon, telles que les lys, les iris, les orchidées et les chrysanthèmes.
Ces plantes, aujourd’hui devenues des classiques de l’horticulture mondiale, témoignent de l’influence profonde du Japon sur les cultures horticoles internationales.
Alors, à l’heure où nous admirons la beauté de ces végétaux, il est de rigueur de dire : MERCI les Japonais !