Histoire et origines de la S.H.C.
Cette association est née des efforts déployés durant 20 ans pour offrir
aux Berruyers des expositions florales dignes de leurs attentes.

Projet
A BOURGES
Projet Société d’Horticulture
L’horticulture s’éveille en Berry. Le mouvement général de la France vers l’amélioration du jardinage et de ses produits, l’impulsion généreuse et féconde donnée par le Gouvernement aux tentatives individuelles des cultivateurs, l’exemple de plusieurs préfets qui introduisent dans leurs départements les pratiques nouvelles sanctionnées par l’expérience et les résultats acquis, ne pouvaient laisser froid pendant bien longtemps notre vieux Berry à l’endroit de Flore et de Pomone. Il s’est souvenu de sa fertilité, des éléments précieux de richesse qui sont encore chez lui à l’état latent, et par la diffusion de l’horticulture il se prépare le moyen de les mettre en valeur.
Nous n’en voulons pour exemple que l’initiative de l’administration municipale de Bourges pour la création et l’amélioration des jardins publics, l’appel récent d’un professeur d’arboriculture renommé, dont les leçons ont été fort appréciées, l’accroissement du nombre de nos horticulteurs et la prospérité de quelques-uns d’entre eux.
Il faut applaudir à ce réveil heureux. C’est le devoir des hommes bien pensants d’en profiter sans attendre, de l’encourager, de l’augmenter, de le diriger de tout leur pouvoir. Le Berry, et surtout le département du Cher, a des exemples à invoquer pour convaincre les incrédules de l’existence des trésors qu’une culture perfectionnée ferait éclore. Ce coin béni du ciel, appelé la Forêt-Saint-Martin, où presque sans soin des milliers d’arbres naissent, vivent et produisent en abondance, forêt d’un genre singulier qui n’est composée que d’arbres fruitiers, dit assez la valeur qu’elle pourrait acquérir si la science, ici, s’alliait à la fertilité d’un sol sans rival. Il est triste de penser que les colons des Stuarts n’ont pas suivi les perfectionnements de l’arboriculture fruitière depuis les temps reculés où ils se sont établis dans l’antique forêt de Haute-Brenne.
Et combien de riches coteaux, de plantureuses vallées des autres régions berrichonnes sont pourvus des mêmes avantages ! Si la France est, dès à présent, le verger de l’Europe, le Berry devrait être le verger de la France. Nous ne craignons pas d’être taxé d’exagération en disant que son sol et son climat ne le cèdent à aucune autre province, pour l’appropriation à la culture des arbres fruitiers.
Que de terrains maigres, de friches, de communaux restent encore à planter, qui transformeraient en bonnes espèces sonnantes les maigres produits qu’ils donnent actuellement ! Les exemples du curé Lamarosse et du sergent Reneveux en Bourgogne ont grand besoin d’être invoqués ici. Songez que dans la Côte-d’Or, des communes tout entières plantées de cerisiers, de pruniers, d’arbres fruitiers appropriés à leur sol, ont décuplé les revenus en moins de douze années, depuis que ces braves et courageux apôtres ont fait les premiers essais, suivis bientôt par la foule !
Si l’on assiste à l’embarquement des nombreux wagons de fruits tavelés, petits, sans saveur et sans prix, que nos forêtains expédient chaque automne à Paris, on se prend à regretter amèrement que tout le pays ne se mette pas à la culture fruitière, et, à son tour, ne décuple ses capitaux.
De l’utile à l’agréable il n’y a qu’un pas. L’aisance que les arbres fruitiers apportent au logis attire de plus en plus vers le jardinage, d’abord de produit, puis d’agrément. On s’habitue à mieux respecter les produits de la nature, à mesure que l’on s’aperçoit du rôle important qu’ils peuvent jouer dans la fortune publique et particulière. Les plates-bandes du jardin appellent quelques fleurs, et le soin des légumes et des arbres à fruits n’empêchera pas de consacrer quelques instants à la floriculture. Puis le goût s’épure, la collection s’augmente et s’enrichit. Le caprice de chacun, dans cette innombrable nomenclature des plantes, s’arrête à telle ou telle spécialité. Cette spécialité prend des racines de plus en plus vivaces, et les véritables amateurs, les producteurs même des nouveautés précieuses surgissent, pour prendre rang dans l’aréopage des horticulteurs.
Or, si l’on veut arriver à ces résultats, on ne peut nier le rôle important que jouent les Sociétés d’horticulture dans la vulgarisation des bonnes pratiques horticoles, dans le rapprochement des intelligences entre elles, dans le choc fécond, l’émulation salutaire qu’elles font sortir des différents membres d’une région qui, sans elles, s’ignoraient et restaient sans ardeur et sans vie.
On peut se prendre à désirer une semblable institution pour notre pays, quand on voit que dans certaines contrées, de simples cantons, des communes même ont leur Société d’horticulture. On sait à quel degré de prospérité horticole sont arrivées la Belgique et la Hollande. A quoi la doivent-elle ? Tout le monde s’accorde à répondre : à leurs Sociétés d’horticulture, dont un lien fraternel et fort, la fédération, a réuni tous les intérêts, tous les travaux, tous les bienfaits.
Les éléments de fondation ne nous manqueraient pas. Il ne s’agit que de savoir les rassembler. Nous connaissons, à Bourges notamment, un nombre suffisant de personnes qui pourraient constituer un bureau digne d’une Société horticole bien notée parmi ses sœurs.
L’idée à dû germer dans l’esprit de quelques-uns d’entre eux ; que leur manque-t-il ? Les Adeptes ? mais du jour où ils entreront résolument dans la voie, ils seront secourus par toute la population éclairée. L’appui du Gouvernement, stimulé par la récente circulaire du ministre de l’instruction publique, ne leur faillira pas. Le temps est venu. S’ils ont tenté autrefois cette épreuve, ils ne pouvaient compter sur une vitalité comparable à celle d’aujourd’hui. Le but à remplir ? mais, nous l’avons dit, il se place parmi les plus nobles et les plus profitables à la civilisation. Et si nous voulions y chercher un argument en faveur de la répression du courant centralisateur, de cet absentéisme qui dévaste nos campagnes, nous ne manquerions pas de raisons.
De plus, une Société d’horticulture est sollicitée dans le Berry, dans le Cher surtout, par des services d’un ordre plus relevé, plus scientifique, si l’on veut. Le congrès pomologique de France se réunit chaque année, à tour de rôle, dans les centres fruitiers les plus importants, pour ses travaux d’épuration de la synonymie des fruits. Nous demandons si la Forêt St-Martin n’est pas un jour appelée à être jugée par lui, et si une session du congrès à Bourges ne serait pas bientôt obtenue par la Société qui y serait fondée ? L’illustre auteur de la grande publication iconographique intitulée : le jardin fruitier du Museum, M. Decaisne, a bien compris cette importance du Berry au point de vue pomologique, et déjà plusieurs de nos fruits les plus répandus et les plus précieux pour le transport et l’alimentation populaire, la poire d’Angoisse et la poire de Vigne (ou poire à la grand’queue), ont trouvé place dans ses splendides annales.
Voilà pour le premier chef. Il y aurait vraiment conscience à laisser un pareil dédale persister plus longtemps dans notre quartier général des fruits. Appelons le congrès de toutes nos forces.
De plus, le département du Cher a sa place marquée parmi les premiers de France, pour sa richesse botanique et géologique. Des renseignements assez étendus ont été donnés sur la végétation par M. Boreau, dans La Flore du Centre. Mais depuis l’apparition de la dernière édition, beaucoup de découvertes se sont encore fait jour, nous en avons la certitude. Ce serait à la Société d’horticulture, autour de laquelle viendraient assurément se ranger les notabilités scientifiques de notre pays, à provoquer la rédaction d’une Flore du Cher, dont les matériaux sont déjà recueillis depuis longtemps dans plusieurs collections.
Voilà de nobles tâches. S’ils en sont bien pénétrés, les hommes d’action auxquels est réservée la fondation de la Société d’horticulture du Cher, rendront à coup sûr de notables services. Et si, comme nous le demandons et l’espérons toujours, les Sociétés d’horticulture françaises se réunissent enfin dans une fédération centrale qui établirait entre toutes une précieuse solidarité, notre Société berrichonne, qui n’est pas encore née, y tiendrait en peu d’années un rang distingué.
Il ne faut pas s’en tenir à des vœux stériles. Si une telle idée rencontrait de l’écho parmi nos compatriotes, voici sur quelles bases nous proposerions d’établir la Société. Les exigences diverses, que connaissent mieux que nous ceux qui en prendraient la direction, rendraient modifiable sur plusieurs points, sans doute, le projet qui va suivre, de statuts et règlement organique. Le concours de plusieurs est ici indispensable ; les lois qui régissent une assemblée, quelle que soit d’ailleurs son importance et sa nature, ne sauraient être trop étudiées avant d’être admises.